Fin 1949, notre vie de famille s’est trouvée brutalement et définitivement bouleversée. Ma mère se retrouvait veuve, à 37 ans, avec six enfants à charge...

Et comme j’étais l’aînée, elle avait pris l’habitude de se décharger sur moi. Non seulement, je devais l’aider et la soutenir mais également prendre soin des plus jeunes, notamment de ma petite sœur de 5 mois qui se réveillait en pleurs chaque nuit depuis le décès de notre père.

Bien entendu, il m’est arrivé de regretter de ne pas avoir pu profiter de ma jeunesse mais les circonstances en ont voulu autrement.

Implacable destinée, volonté farouche de défendre sa patrie, ou peut-être un peu des deux ? Quelle qu’en soit l’origine, la captivante histoire d’Emile commença en 1923 dans la banlieue Est de Paris...

Le 18 juin 1940, le premier discours du Général de Gaulle à la radio de Londres avait appelé les Français à s’unir dans l’action pour libérer la France. Officiers, soldats, ingénieurs et ouvriers spécialisés des usines d’armement se voyaient invités à entrer en Résistance à partir de l’Angleterre.

Particulièrement touché par cet appel au combat, Emile s’engagea sans attendre et prit la décision de rallier l’Angleterre en passant par l’Espagne...

Jean-Christophe Chartier

Préface de David BOUYER-WEHRLE (Ecrivain, Scénariste, Réalisateur) :

"Par l’entremise de cette bâtisseuse de mots et peintre d’une histoire, l’écrivaine biographe Valérie CIAGLO mène le rythme et la sonorité qu’elle voue au récit qui se dépose en douceur pour se renforcer sur le fil des expériences de Jean Christophe. Dans une extrême précision, elle parvient habilement à métamorphoser cette narration en un déluge de sentiments qui nous prend littéralement les tripes..."



Je crois que c'est lorsque je me suis retrouvé allongé sur ce lit d'hôpital, à regarder ces blouses blanches s'affairer autour de moi, que j'ai pris pleinement conscience de ma pathologie. Le signal intérieur qui m'avait accompagné de manière omniprésente se faisait plus discret, jusqu'à s'effacer totalement lorsque le neurologue valida le diagnostic au regard des résultats de la ponction lombaire et des nombreux examens réalisés...

Néanmoins, résolument optimiste, je reste de plus en plus persuadé que les plus belles années d'une vie sont celles que l'on n'a pas encore vécues.

Marcelle V.

Mon histoire commence en novembre 1934 à Clichy Sous-Bois (à l'origine en Seine et Oise), ce département devenu, depuis, le fameux "9-3" à la réputation quelque peu sulfureuse...

Comme beaucoup d'enfants de ma génération, je suis née "à la maison" (c'est à dire chez ma grand-mère)...

Je n'avais que 5 ans lorsque la seconde guerre mondiale a commencé et l'armistice a été signée quand j'en avais 11. "Vivre une guerre, c'est terrible... on ne sait jamais ce qu'il va se passer"...



Je n'avais qu'un mois lorsque mes parents m'ont amenée avec eux sur ce qu'on appelait "l'automoteur". Il s'agissait en fait d'une péniche d'environ 38 mètres de longueur. Bien que très agréable, la vie sur un bateau ne présentait pas que des avantages...

Je n'ai jamais oublié ma première rentrée scolaire. Maman m'avait accompagnée pour l'occasion. Une fois arrivées à l'école, elle m'avait déposée dans la cour, étonnamment vide, puis s'en était allée en refermant la lourde porte grillagée.


J'étais restée là, toute seule, à lutter contre un terrible sentiment d'abandon jusqu'à ce qu'une maîtresse entende mes pleurs désespérés et vienne me chercher...